Mirage de la vie

Publié le par the idiot

Imitation of Life
(1959)
Douglas Sirk
Lana Turner, John Gavin, Juanita Moore

Imitation of Life



                 Lors d'une sortie à la plage par un après-midi ensoleillé, Lora Meredith, une jeune et jolie veuve, perd de vue sa jeune fille Susie. Celle-ci s'est égarée mais sa disparition fortuite va entraîner la rencontre entre sa mère et Annie Johnson, une femme noire dont la fille, Sarah Jane, a la peau blanche. Dernière pièce du puzzle, Steve Archer, un jeune photographe qui aide Lora à retrouver Susie. Annie devient rapidement la femme de chambre de Lora dont la carrière d'actrice ne démarre toujours pas et leurs deux filles se lient d'amitié. Bien évidemment, Lora et Steve tombent amoureux. S'ensuit une fresque amoureuse sur fond de success-story.
                 Alors que Mirage de la vie joue sur toutes les cordes émotionnelles et narratives auxquelles l'on s'attend, ce film de Douglas Sirk - maître du genre - est beaucoup plus sombre qu'il n'y paraît à première vue. Rien que le titre (et encore plus en anglais, "imitation de la vie") pousse le spectateur à s'interroger sur la nature de ce qu'il regarde. Qu'est-ce qu'un film sinon justement l'imitation de la vie? Tout au long de l'histoire les personnages passent leur temps à vivre la vie qui leur a été prescrite plutôt que de vivre leur propre vie. Et tous passent à côté de ce qu'ils désirent.
                 Critique sociale au regard cynique, le film revient aussi sur le racisme et la ségrégation des années 1950 au travers de la relation entre les deux jeunes filles, Susie et Sarah Jane. La relation qu'Annie entretient avec sa fille à la peau blanche qui renie ses origines en raconte long sur la difficulté d'être noir dans cette société et fait ressortir la tension raciale d'une manière originale et bouleversante. Les scènes larmoyantes s'enchaînent et le spectateur est pris par les émotions jusqu'à l'obligatoire "happy end" hallucinant (pour l'époque) dont le goût amer semble indiquer que tout n'est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes mais que ce bonheur apparent n'est qu'un nouveau mirage, que joie illusoire du rêve américain.

Publié dans Cinéma

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D
<br /> Quel film et quelle histoire que j'ai revu pour la 3ème fois après des années. La fin est toujours bouleversante. Je n'aime pas le terme "larmoyant" un peu péjoratif. Les actrices sont sublimes. Je<br /> ne me rappelais pas que Lana Turner jouait aussi bien. Bonne journée.<br /> <br /> <br />
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T
<br /> Je dis larmoyant parce que je trouve que certaines situations sont un peu des clichés du genre, mais comme Wilder le faisait si bien dans ses comédies, Sirk parvient à traiter le cliché avec une<br /> grande modernité en en faisant ressortir l'essentiel.<br /> <br /> <br />